Perspectives Glaciaires
Projection-performée, juin 2024
Film 20 min, édition poétique, performance orale
Perspectives glaciaires est une proposition poétique, filmique et sculpturale qui trouve sa forme dans une séance à la croisée de la conférence, de la lecture, de la performance et du film.
Après 45 jours d’itinérance en haute montagne, à transporter sur son dos 50 gravures et sérigraphies pour célébrer les 50 ans du Parc national des Écrins, Tipoume revient sur ses pas pour filmer les lieux qu’elle a parcourus : La Bérarde, le glacier du Chardon, le vallon de la Lavey, celui de la Selle. Après un an de tournage, entrecoupé de sessions d’écriture, de montage et de sculpture dans son atelier, l’artiste plasticienne propose une projection qui sort des chemins battus.
Sur scène, Tipoume nous fait la lecture de son édition Perspectives Glaciaires illustrant la projection qui se déploie derrière elle.
La partie vidéo — et particulièrement les plans en haute montagne — est travaillée avec un point de vue contemplatif, lent, lancinant, à la manière des scènes d’Ariane Michel dans son documentaire Les Hommes. Pour cela les plans sont réalisés avec une forme de « cadrage obsédant » que décrit Deleuze dans son ouvrage Image-Mouvement : « Le “cadrage insistant”, “obsédant”, qui fait que la caméra attend qu'un personnage entre dans le cadre, qu'il fasse et dise quelque chose, puis sorte, alors qu'elle [la caméra] continue à cadrer l'espace redevenu vide » p 108 du chapitre 5 Image-perception.
Le plan des skieurs — unique moment où l’humain apparaît entièrement — est un plan fixe sur une coulée d’avalanche, il n’y a pas d’échelle, on pourrait penser à un plan macro autant qu’à un plan aérien. Soudain deux skieurs traversent l’espace, donnant la mesure de l’espace autour d’eux, autant que leur propre échelle. Ils sortent ensuite du cadre, laissant à nouveau l’espace à son propre sujet.
La quasi-totalité des plans de montagne sont filmés en caméra portée, de façon à avoir un léger mouvement dans l’image. La présence humaine ne se fait pas de façon directe, à travers l’image mais à travers l’œil de la caméra comme dispositif de perception.