Travail en atelier 


20/02/23 - 29/05/23
Montpellier

​L'effacement est au cœur de mon projet, l'effacement du vivant, dû à la catastrophe climatique ; et l'effacement humain, nécessaire pour aller à la rencontre de l'animal. Le geste de retrait de la matière et du travail en négatif de la gravure me permet de mettre en images ces formes d'effacements. Ce projet est un hommage au vivant qui s'efface et au Parc national des Écrins qui le protège depuis 50 ans. Je souhaite introduire les expositions et rencontres avec le public par un temps court de lecture de façon à centrer mon propos sur l'effacement que je présente et sensibiliser le public au travail du Parc national des Écrins.

​Texte pour conférence publique

​​ ​​Après une longue marche d'approche, trouver un lieu pour le regard. 
Au sommet d'un col. Là où la vue peut se porter à la fois sur les versants adret et ubac. Chercher l'altitude pour surplomber l'animal : la hauteur camoufle. 
​​ L'animal dans son passage regarde moins le sommet que ce qu'il se passe autour et en dessous de lui. La hauteur camoufle également l'odeur. Se placer sous le vent, le laisser balayer notre présence et se placer en fonction de sa direction. Trouver un angle où notre odeur humaine n'indiquera rien de notre présence. 

​​ Et enfin. Petit à petit. 
​​ Se baisser. Se faire plus petit.e. 
​​ ​Ramper pour atteindre un rocher, un arbre, une souche. 
​​ ​Et attendre. 
​​ ​Enfin. 
​​ ​Commencer à attendre. 
​​ ​Être à l'affût. 

​​ ​Peut-être qu'il n'arrivera rien, mais c'est dans cet intervalle qu'est l'affût que l'on se permet d'assister au vivant. Les vies que nous menons, très hâtives, nous empêchent d'attendre, nous empêchent de regarder le monde dans son immobilité apparente. Tout nous empêche d'accueillir le silence et de s'offrir cette incroyable possibilité de laisser couler les heures et laisser l'espace s'échouer. Mener une aventure immobile . Porter attention à autre que soi-même. 

​​ Se fondre, se confondre avec ce qu'il se passe autour de soi. 
​​ ​Faire entièrement partie, pour une fois. 


       ​Pour accrocher mes gravures, sérigraphies, textes et dessins, je compte m'appuyer sur le modèle d'un Chörten, structure sur laquelle les drapeaux tibétains sont accrochés. Chaque production est réalisée sur du tissu qui s'effiloche lentement avec le vent.

Série de gravures, tirages sur tissus, 45 x 30 cm